Les pays de la zone euro ont vu, dans leur très grande majorité, leur ratio de dette publique reculer entre 2021 et 2023, mais le repli est très différent d’un pays à l’autre, allant de à 0,8 point de PIB en Lettonie à 33,1 points de PIB en Grèce (2,4 points en France). Comprendre ces écarts suppose de mesurer l’impact de l’inflation qui a touché tous les pays de la zone euro sur la période.
Celui-ci transite par de nombreux canaux : l’impact « mécanique » de l’inflation sur la valeur du PIB au dénominateur du ratio de dette, celui sur les dépenses et les recettes publiques via les mécanismes usuels d’indexation, mais également l’effet des mesures de soutien mises en œuvre face à la hausse des prix, l’augmentation de la charge d’intérêts due à la hausse de l’inflation et enfin l’impact de la perte de croissance associée à des prix et des taux d’intérêt plus élevés.
L’analyse menée sur 6 pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce) montre que l’inflation aurait contribué à réduire les ratios de dette publique dans tous les pays entre 2021 et 2023, mais dans des proportions différentes : 9,5 points de PIB en France (2,5 points en 2022 et 7,0 points en 2023), 8,3 points en Allemagne, 9,0 points en Italie et en Espagne, 11,6 points au Portugal et 16,7 points en Grèce.
La baisse du ratio de dette publique est toutefois allée très au-delà de l’effet de la seule inflation dans certains pays (Portugal, Grèce), tandis qu’à l’inverse l’effet favorable de l’inflation ne se retrouve pas intégralement dans les ratios de dette publique de pays comme la France : ces différences peuvent être reliées à celles portant sur la santé initiale des finances publiques, telle qu’appréciée au travers de l’écart en 2021 du solde public au solde stabilisant. En France, « l’aubaine » inflationniste sur le ratio de dette a ainsi été en grande partie contrecarrée par l’impact d’un niveau élevé de déficit initial.