La forte inflation enregistrée depuis 2021 pousse à la hausse, mais seulement transitoirement, le taux d’épargne des ménages

Le profil du taux d’épargne influence l’évolution de l’activité : à long terme, une hausse durable du taux d’épargne est favorable à l’accumulation du capital productif et donc en général à la croissance, mais, à court terme, elle pèse sur la demande. L’appréciation du comportement d’arbitrage des ménages entre consommation et épargne est donc un élément important de la construction d’un scénario macroéconomique.

L’effet de l’inflation sur cet arbitrage pose aujourd’hui question. Face à une inflation élevée, les ménages vont-ils consacrer une part plus importante de leurs revenus à leur consommation immédiate, afin de ne pas subir de futures hausses de prix, ou au contraire, comme les études empiriques menées en France dans les années 1980 le mettaient en avant, à leur épargne, afin d’en protéger la valeur réelle ? Ce comportement, connu sous le nom d’effet d’encaisses réelles, est-il à même de retarder le retour du taux d’épargne à son niveau antérieur à la crise sanitaire ?

Afin d’évaluer l’effet de l’inflation sur le taux d’épargne des ménages, cette note propose une estimation de la fonction de consommation sur longue période, en utilisant des données disponibles depuis 1949. Le début des années 1980, caractérisé, comme la période actuelle, par un taux d’épargne des ménages élevé et une inflation soutenue, est ainsi intégré à l’analyse.

Cette modélisation met en évidence, sur la période d’estimation, un effet non pas de l’inflation en niveau mais de la variation de celle-ci sur la consommation, une hausse de l’inflation se traduisant par une baisse temporaire de la consommation des ménages en volume. À l’inverse, le niveau de l’inflation ne semble pas avoir d’influence significative durable sur cette consommation et donc sur le taux d’épargne, ce qui remet en cause l’existence d’un effet d’encaisses réelles en France.  

En conséquence, l’élévation du taux d’épargne observée post-Covid pourrait s’expliquer en partie, mais en partie seulement, par la forte poussée d’inflation. Cet effet serait purement temporaire et l’inflation devrait donc cesser progressivement de soutenir le taux d’épargne. Toutefois, l’évolution du taux d’épargne dans les années à venir dépendra en premier lieu des autres facteurs, à ce stade inexpliqués, qui ont conduit à l’accroître par rapport à son niveau d’avant la crise sanitaire.

 

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Type de la note
Macro économie